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 i can't protect your life {R.}

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i can't protect your life {R.} Vide
MessageSujet: i can't protect your life {R.}   i can't protect your life {R.} Icon_minitimeDim 6 Déc - 0:23



    Beddgelert était un bel endroit où vivre. On trouvait ici beaucoup de laissés pour contre, des orphelins, des êtres mal aimés ou trahis, des personnes en fin de vie. Mais malgré le fait que chacun portait un fardeau, ce village était débordant de la seule chose au monde que beaucoup de grandes villes surpeuplées manquaient : l'espoir. Chaque jour qui passait, Deirdre avait appris à le vivre comme le dernier car même si la mort entourait son quotidien et sa vie personnelle, elle en était devenue d'autant plus joyeuse et ouverte au monde. Devenir aigris et à bout de tout aurait pousser au suicide ici, dans ce patelin retranché du Pays de Galle. Deirdre affectionnait de ce fait beaucoup les matinées : elle aimait se réveiller un peu plus tôt que les autres et se diriger vers le centre du village, l'observant s'éveiller doucement. Elle descendait Bloomsburry pour regagner Dorrington et faisait ses emplettes deux fois par semaine dans la petite épicerie Emrys. Il était cinq heures ce matin là quand Deirdre se réveilla. Depuis plusieurs semaines déjà, elle avait pris l'habitude dès que son réveil sonnait de vérifier son téléphone pour voir si elle avait des nouvelles de Bleidd. Ses silences de plus en plus longs la plongeaient dans une espèce de lente dépression.

    Après un maigre déjeuner et une douche chaude, elle avait rassemblé ses cheveux mouillés en un chignon et s'était habillé chaudement d'un pull en laine et d'un jean. Armée de son panier, elle descendit la route en marchant sur la route, sans se soucier réellement des voitures qui pourraient passer par là : déjà que peu de personnes en possédait au vllage, il y en avait encore moins à cette heure ci de la journée. Le soleil n'était pas encore levé, et la brume enveloppait l'air frais qui sentait l'herbe mouillée. Son pas était lent et un peu endormis : se presser ne rimait à rien, surtout que l'épicerie n'ouvrait pas avant vingt bonnes minutes. Mais errer sans penser à rien au son délicieux du silence envoûtant était extrêmement plaisant.

    Le regard dans le vide, elle ne remarqua pas la forme brumeuse qui se dessinait sur l'horizon. Elle continuait d'avancer, regardant ses pieds frapper le sol. Ses pensées aussi étaient occupées, et sa focalisation inquiète sur son meilleur ami qui était à présent plus qu'un fantôme dans sa vie. Tout aurait été plus simple peut être si elle lui avait avoué, il y a des semaines à présent, qu'elle l'aimait, tout simplement. Depuis le temps qu'elle l'avait compris, peut être que son comportement l'avait fait fuir, car elle s'était sûrement trahie dans sa manière de se comporter avec lui. Mais le plus difficile, c'était de ne plus être dans sa vie, car elle se sentait tellement impuissante face à son malheur que ça la brisait de le voir sombrer sans l'aider.

    En remontant le visage, elle sursauta et se figea dans le laps de temps suivant : la forme qui avait remonté la rue dans l'autre sens s'était figée face à lui. Le souffle court, le dos voûté et les bras ballants, elle hésita quelques instants et plissa les yeux pour distinguer l'identité de la forme dressée devant elle. Elle fit un pas en avant, puis s'arrêta de nouveau.

    « Bl-Bleidd ?! » Elle n'attendit pas la réponse alors que son corps basculait doucement en avant : elle se précipita vers lui pour le soutenir. « Oh mon dieu Bleidd mais qu'est ce qu'il t'ai arrivé ? Est ce que ça va » Elle ne s'attendait pas à une réponse, mais la peur la paralysait. Elle devait prendre sur elle et l'aider à marcher jusqu'à la maison. Ce n'était pas la première fois qu'elle le trouvait dans un état pitoyable mais là, c'était la pire des situations qu'ils avaient traversé. Surtout lui.
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i can't protect your life {R.} Vide
MessageSujet: Re: i can't protect your life {R.}   i can't protect your life {R.} Icon_minitimeDim 6 Déc - 1:34

La rude brise matinale balaya les cimes et porta une âcre odeur de sang dans toute la clairière. Les cheveux rabattus sur le visage, Bleidd éprouvait des difficultés à respirer, comme si un liquide acidulé coulait dans sa gorge avant de ronger ses poumons ; chaque nouvelle bouffée d’air s’y insinuait lui laissait l’amère sensation qu’on lui transperçait le thorax, encore et encore, jusqu’à ce qu’il fût habitué – si l’on pouvait seulement l’être – à la douleur ; le sang perlant à la commissure de ses lèvres et, parfois, à la pointe d’une canine, il se sentait incapable d’avaler le moindre breuvage qui ne fût pas plus humain ; abasourdi, il n’avait même aucune conscience d’avoir encore de sa gueule déchirer les chairs d’un quelque être vivant. Comme chaque fois qu’il se transformait, et comme chaque fois qu’il en revenait, son esprit était embrouillé, lançant des images devant ses yeux, toutes paupières closes, pour ne former qu’un film incohérent. Quand il passait de la bête à l’homme, il avait l’impression de devoir faire avec la vivacité intellectuelle d’un animal conduit par son instinct avec la moindre compréhension d’un être humain… comme si, d’un quotient intellectuel moyen, il avait connu des formules d’une haute complexité. La ré acclimatation lui demandait systématiquement de longues minutes.

« Lève-toi. » Inspirant soudainement, Bleidd eut toutes les peines du monde à prendre le pas sur son rythme cardiaque emballé par un tel ordre dont il n’identifia pas immédiatement la provenance. Quand il perçut un léger rire, effroyable – comme toujours, ses sens, aiguisés par sa nature de loup-garou, lui rappelèrent que, tout prédateur qu’il était, quelqu’un se situait au-dessus de lui dans la chaîne alimentaire. Ce fût en déglutissant péniblement – et en éprouvant cet infâme goût de sang sur son palais – qu’il parvint de nouveau à s’exprimer, ou plutôt à grogner. « Tire-toi. »
Le souffle court, les tempes douloureuses et les muscles endoloris, Bleidd était au bout de sa patience et de sa tempérance. Depuis qu’il combattait sa nouvelle nature, en outre, il n’en devenait que moins transigeant, toujours plus rude, plus sauvage, et finalement plus instinctif. Il disposait de moins en moins de la tolérance propre à l’humain, de son recul, et de l’intérêt que tout acte et tout propos avait d’être réfléchi avant de survenir ; tout cela, il le perdait un peu plus chaque jour, plus encore chaque mois, comme s’il perdait toute humanité au final.

Sans pouvoir s’y attendre, il sentit qu’on le saisissait aux épaules pour tenter de le relever. Se débattant tout aussi violemment en ouvrant les paupières, il recula encore au sol sur près de trois mètres avec une rapidité qu’il ne supportait pas. Fixant un point droit devant lui, il sentit son regard effectuer l’ascension d’un corps sculptural qui le conduisit à détailler une femme de son seul sourire vêtue. Avalant de nouveau sa salive avec une grave difficulté, Bleidd maudit cette nécessité à devoir se reconnaître, lui aussi, d’une impudeur humiliante. Instinctivement, il se remit sur ses pieds et détala sans plus attendre.

Reprendre pieds dans la réalité était toujours aussi brutal, et c’était là le sort d’un jeune loup-garou. Même s’il avait, de jour en jour, toujours plus conscience de lui-même lors de chaque transformation, la transition entre les deux états parvenait toujours à le désorienter un moment. Il éprouvait alors de la haine, de la honte, de la peur, puis toutes ces émotions confondues en une seule qui, propre à l’homme, déplaisait au loup-garou. La bête n’avait pas besoin de ressentir, d’éprouver les choses, mais l’homme, lui, envisageait les choses avec son cœur. Cette lutte perturbait toute logique, jusqu’à en construire une qui fût, au mieux, commune aux deux états. En règle générale, Bleidd s’assurait ainsi de laisser libre cours à l’instinct, du moment qu’il n’engageait la vie d’aucun être humain.

En pénétrant les alentours de Beddgelert au pas de course, Bleidd s’engagea sans la moindre hésitation dans une grange renfermant un élevage bovin ; il connaissait bien les lieux pour y avoir travaillé et, toujours avec la même frénésie entièrement due à l’angoisse, il écarta une caisse de bois pour en retirer une tenue décente. Sans jamais perdre l’issue de cet espace peu rassurant des yeux, il s’habilla aussi rapidement qu’il le put. La raison était simple… le gibier appelait le prédateur et redevenu humain d’apparence ou non, il gardait son instinct de chasseur, plus encore que jamais.
La traversée de retour de la grange lui fût donc extrêmement pénible. Le goût de sang sur ses lèvres persistait insidieusement, comme pour lui rappeler qu’il avait encore tué… certes plus un être humain, mais un être vivant tout de même. Et, pourtant, il éprouvait cette faim, cet appétit insatiable, ce besoin de se nourrir, de faire couler du sang, quitte à ce que ce ne soit rien que pour cela. Cette tendance au demeurant d’un sadisme certain lui donnait la nausée, emprisonnait sa raison dans une bouteille de verre pour la jeter au loin. Lutter alors pour ne simplement faire que sortir, sans jamais tenter d’attaquer un bœuf, lui demanda un effort colossal que seul un jeune loup-garou de son acabit pouvait mesurer. Si bien que même lorsqu’il fût enfin dehors, à l’air libre, il sentait en lui un vide béant couvert par le hurlement terrifiant d’une volonté presque parallèle à la sienne. Quelques secondes plus tard, il tombait à genoux.

Vomissant sans égard sur le sol rocailleux du chemin redescendant vers le cœur du village, Bleidd eut l’affreuse sensation de recracher la moindre de ses entrailles. Sa gorge lui brûlait et une odeur de sang séché ne le quittait plus, qu’il en eut perdu le goût ou non. Son crâne lui semblait pris dans un étau, et voilà comme il ne fût plus capable de sentir qu’une parfaite fatigue, toute étendue à son corps en entier. S’il s’était écouté, s’il n’avait pas été aussi ce policier rationnel et prévenant, cet homme voulant tellement conserver son effroyable secret, il se serait allongé là, à même le sol, jusqu’à attendre que le sommeil le gagne ou qu’il meurt de faim ou de fatigue.
Au lieu de cela, il puisa en lui la volonté de se relever. Difficilement et lentement, mais le soleil dardant de ses rayons levants le ciel lui inspira plus d’inquiétudes encore d’être surpris en cet état. Il ne trouverait plus pour très longtemps une excuse acceptable à de telles attitudes. Le temps avait si peu de raison qu’il n’aurait su dire les minutes qu’il lui fallut pour se remettre sur ses pieds et reprendre sa progression. Il essuya le coin de ses lèvres et tâcha, autant qu’il le put, d’avancer alors que, finalement, il peinait à seulement se rendre compte d’où il se trouvait.

Tout fût infiniment moins clair ensuite. Le seul instant où il se sentit de nouveau conscient fût le moment précis que choisit une silhouette indistincte pour lui porter secours et l’aider, de sa frêle stature – il s’en rendait compte, à demeurer debout. De toutes ses forces, il tâcha de ne pas abandonner, de tenir… et ce fût la voix familière et évidente de sa meilleure amie qui le rattacha encore suffisamment à la réalité pour qu’il ne sombre pas sans plus de cérémonie dans un sommeil proche du coma. « Deirdre, souffla-t-il. » Dans le fond, il n’était pas tout à fait sûr que ce fût elle, mais cette idée le rassurait avec une telle force qu’il préféra s’y consacrer. En cet instant, il ne savait rien de ce qui lui arrivait, de ce qui lui arriverait, et encore moins des répercutions de cette affreuse de nuit sur les jours à venir. Il savait juste qu’il était avec Deirdre et qu’ainsi il était désormais en sûreté.
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