Aujourd'hui j'ai 17 ans, paraît que tout va bien dans ma vie... En vrai je fais semblant, je m'accroche et je respire.
J'avais tout pour couler des jours heureux. Une petite famille parfaite, dans un beau petit quartier parfait avec des voisins parfaits. La parfaite vie de rêve... Mon père et ma mère se sont rencontrés à l'époque du lycée, sont sortis ensembles à l'époque de la fac et m'ont confectionné peu avant la remise des diplômes. Lui futur avocat, elle future journaliste. Ils avaient tout pour être heureux, prêts à se lancer dans la petite vie parfaite et gerbante. Je vis le jour 8 mois après ma confection , l'enfant prodigue, celui d'une longue lignée à venir. Je ne peux pas dire que mes parents ne me donnèrent pas d'amour, enfant, c'était même l'exacte opposé, j'étais gâté à outrance.
Je n'étais pas ce qu'on pouvait qualifier d'enfant difficile, je ne pleurais pas... Mais je ne riais pas non plus, déjà à cet époque je ne me sentais pas à ma place dans ce monde qui m'entourait. Mes parents me crurent d'abord muet mais après une série de tests, les hommes en blouse blanche censé être plus intelligent que les autres décrétèrent que j'étais « normal » et en « parfaite santé »... Bandes de crétins. C'est finalement vers mes 18 mois que je prononçais mon premier mot...
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Chéri, Chéri apporte le caméscope! Je crois qu'Adonis vient de dire son premier mot! Lança ma mère toute excitée n'ayant pas compris ce que je venais d'articuler.
En moins de trente secondes mon père fut là, l'objectif presque dans ma figure et tout deux l'air béat attendaient avec patience que je recommence l'expérience. N'y comprenant pas grand chose, tel un parfait petit singe je répétais le mot que je venais de dire.
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ha breerrrrr , articulais-je fièrement, mais à la mine déçue de ma mère et me père je sus aussitôt que ce n'était pas ce qu'ils attendaient de moi...
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Allez mon cœur, redis à maman et papa ce que tu viens de me dire. Vas-y tu peux le faire... MA-MAN-
Ma...-
Vas-y tu peux le faire!-
Man.-
T'as vu chéri! Il vient de le dire! Maman! Si j'avais pu à l'époque lever les yeux au ciel je crois que je l'aurais fait. Ce moment je m'en souviens comme si c'était hier... Pourquoi? Si je devais énumérer le nombre de fois que mes idiots de parents ont diffusés cette vidéo durant les repas de famille, pâques et noëls on pourrait y passer la nuit. Chaque fois ils s'émerveillaient devant ce moment de « bonheur » qu'ils avaient pu capturer... J'ai brûlé la cassette vidéo une fois que je fus en âge de me rebeller...
On peut dire qu'en matière de rébellion je fus assez... Précoce et c'est le moins qu'on puisse dire. Mon seconde mot fut « Non ». À toutes les sauces, à toutes les heures de la journée je refusais tout ce que mes parents me demandaient par pur principe. Ils n'insistèrent pas, c'est à ce moment là que je compris à quel point ils étaient faibles... À l'age de 5 ans je menais déjà mes imbéciles de parents à la baguette, ils trouvaient ça attendrissant moi ça pitoyable. Si j'avais été en mesure de fuguer à cette époque je l'aurais fait... Mes parents étouffant étaient toujours sur mon dos, trop d'amour tue l'amour... Je commençais petit à petit à les détester pour plus tard les haïr.
1 an plus tard je faisais mon entrée à l'école, encore un monde où je n'ai jamais vraiment trouvé ma place. « Qu'il est mignon » n'avait cessé de répété l'institutrice à chacune de mes remarques et mes « pseudo-rébellions ». Elle me dégoutait littéralement. Une grosse femme, passé la quarantaine qui passait son trop plein d'affection sur ses pauvres douze chats. C'est à cette époque que je fis mes premières expériences sociales très peu enrichissantes... « on ne tape pas les autres avec des bâtons » « non si tu pousses ton camarades du banc il ne lui poussera pas des ailes » , « si tu veux le dix-heure de ton copain tu lui demandes de partager », « quand il n'y a plus de papiers toilettes on utilise pas le pull de l'un de ses amis »... Déjà à cette époque on ne cessait de vouloir me brider et plus on m'interdisait les choses et plus j'étais tenté de les faire. Le psy que mes parents me forcèrent à voir bien des années plus tard appela ça « psychologie inversée »... Très vite je passais de la coqueluche et l'élève favoris à la teigne de la classe. J'étais bon en classe et ma moyenne était surement la seule raison pour laquelle ils ne me renvoyèrent pas... du moins pas tout de suite.
Entre 6 et 12 ans je pense avoir fait 3 ou 4 écoles différentes... Pas vraiment un exploit sauf lorsque l'on est expulsé à chaque fois.
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Bonjour Madame Leeds, merci d'avoir répondu aussi vite à notre appel... Asseyez-vous je vous en prie, Adonis assied toi aussi s'il te plait.Je soupirai, ce n'était pas la première fois que j'étais convoqué dans le bureau du proviseur, je savais déjà comment allait se conclure l'entretient, je pouvais presque énoncé les mots du directeur à l'avance.
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Madame Leeds, j'ai bien le regret de vous dire que je me trouve dans l'obligation d'expulser votre fils de notre école...-
Mais pourquoi? Elle afficha son air innocent, comme à chaque fois espérant ainsi s'attirer la sympathie de l'homme qui n'avait rien de sympathique avec son double – en faite triple – menton gesticulant dans tout les sens lorsqu'il articulais. Sa vision me révulsait et je sentais déjà la nausée me gagner mais ne dis rien...
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Malgré tout nos avertissement, Adonis ne semble pas vouloir faire d'effort pour s'intégrer au sein de notre établissement... Il est renfermé sur lui-même, antipathique, méchant et par dessus tout n'a aucun respect pour le règlement. Il a encore été surpris hier entrain de fumer dans les toilettes. En plus de cela, ils entraînent ses amis dans ses bêtises...Mes amis? Je ne pus m'empêcher de m'esclaffer au discours du vieille homme. Des amis je n'en avais pas et sincèrement je n'en avais pas besoin j'étais bien mieux seul avec moi-même. Pourquoi m'encombrer de boulets qui ne ferait que me ralentir. Certes il était amusant de les manipuler et de leurs faire faire les conneries à ma place... Mais le plaisir s'arrêtait là hélas.
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Quelque chose à ajouter Adonis?-
Non non rien... gros tas Lançais-je entre deux sursaut de rire.
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Adonis s'il te plait! Répondis ma mère sèchement, puis adoucissant son ton. S'il vous plait monsieur Wellings, c'est ça dernière année, il y a bien un moyen de faire quelque chose? -
Nous avons déjà tout essayé madame. Il n'y pas d'autres solutions... Avez-vous déjà pensé à faire intégrer à Adonis un établissement plus... plus adéquat pour lui.Je ne pouvais me laisser insulter de la sorte...
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Mais ta gueule gros lard! Tu te crois supérieur avec ton gros cul gras dans ton siège ! Je suis sur que t'es même pas capable de te lever de ton siège à cause de l'effet ventouse. Va te faire liposucer dans un établissement plus adéquat pour toi avant de me parler!Je ne terminais pas ma pensée sentant le regard de ma mère sur moi. Et sans un mot je quittais la pièce... Je vous laisse imaginer la suite. Je n'étais plus qu'une source de déception pour mes parents qui ne cessait de vouloir me remettre ou plutôt me mettre dans le droit chemin – étant donné que je n'y avais jamais été. La pire de leurs tentatives? M'envoyer en camp de vacance de « l'église adventiste du septième jour ». Car je ne revins jamais de là-bas le même... Pire qu'avant mes parents ne savait plus que faire, je ne me gênais pas pour fumer et boire sous leur nez.
Ils me menacèrent à plusieurs reprises de m'envoyer en pensionnat, de me mettre à la porte... Mais ils n'eurent jamais les couilles de le faire. Encore et toujours faibles. Je jouissais de ma vie de solitaire. Le lycée fut sans doute l'expérience sociale la plus enrichissante pour moi... Pourquoi? C'est un autre élève, peut-être le seul ami que je n'ai jamais eu, qui me fit découvrir les plaisirs de la drogue. Commençant en douceur par les cachets , antidouleurs et autres somnifères nous arrivâmes très vite à des drogues plus dures... Un jour, il n'est plus jamais revenu au lycée ses parents l'avaient envoyés – je ne sais pas où en au fin fond de l'Europe.
On ne peut pas dire que j'ai souffert de son départ, il m'avait laissé l'adresse de ses meilleurs dealeurs, je n'avais plus vraiment besoin de lui. Plus le temps passait et moins je supportais les gens en générale... Leur hypocrisie, leurs sourires, leurs fausses joies et pseudos-bonheurs... Tout ça me donnait la nausée. Ne réalisait-il donc pas qu'ils vivaient dans un monde de merde? Qu'ils allaient tous mourir un jour et qu'ils pourriraient dans les entrailles de la terre? Visiblement non. Ils semblaient heureux dans leurs bêtises et moi je l'étais dans mon malheur.
C'est le jour de mes dix-sept que je décidais pour la première fois de quitter cette terre... Je n'y avais pas – et n'y avais surement jamais eu – ma place... Les plaisirs de l'automutilation ne me suffisait plus, il fallait que je passe à autre chose, quelque chose de plus grand et de plus vrai. Ce jour là j'avalais une dose inimaginable de cachets divers et variés ; ainsi qu'une bouteille de rhum. C'est en titubant la vision triple que je rentrais à la maison.
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SURPRISE!Quoi? Ça avait été rapide... J'étais déjà en enfer... Non ce n'était pas possible, des centaines de visage tout autour de moi me souriait niaisement. Qui étaient-ils mais surtout que me voulaient-ils? Ne pouvaient-ils pas me laisser crever en paix?
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Ton père et moi avons pensé qu'une fête surprise te ferais plaisir. Tout tes amis du lycée sont venus pour toi.Mes amis du lycée? Quels amis? Je n'avais aucun amis. Tout en fronçant les yeux j'essayais de reconnaitre l'une ou l'autre de ses faces de rats... Sans réel succès à vrai dire.
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Ton ami Danny est revenu de Suisse du pensionnat, il voulais te rendre visite.C'est alors qu'un jeune homme, bien coiffé et bien habillé l'un de ces sourires pitoyables sur le visage s'approcha de moi.
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Hey Ad' ça fait un bail comment tu vas? Ad'?Je m'étais approché de lui et avait prit son visage entre mes mains. Mais que lui avaient-ils fait? Où était passé le junkie qui me servait d'ami quelques mois plus tôt? L'avaient-ils lobotomisé? Je tenais encore son visage entre mes mains quelques secondes avant que la lumière s'éteigne.
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ADONIS!.... urgences... quoi... Tiens le coup... lavement...Les voix ne me parvenaient que par brides... Mais lorsqu'on meure tout n'est-il pas censé s'éteindre? Le son y compris... Hélas je n'étais pas mort, on m'avait « sauvé » in extrémis. « Quelle chance » gémissait mes parents. Je le vis dans leurs regards que maintenant ils ne se laisseraient plus faire... Allaient-ils m'envoyer dans le même camp que Danny? Je ne leur laissait pas le temps de l'envisager car je m'enfuis le surlendemain de ma T.S. La carte de crédit de mon père à la main, je vidais une grande partie de son compte en banque avant de la jeter dans un égout tout proche. Je montais dans le premier bus qui passait direction Beddgelert