- CIGARETTES je fume raisonnablement je pense même si, parfois je me dis que c'est peut-être trop, comme le sais-je ? Bonne question, le goût peut-être omniprésent de l'objet dans ma bouche... Afin d'arrêter, ou plutôt de ralentir ma consommation, j'ai décidé de commencer à noter dans un de mes carnets combien de cigarettes je fume par jour même si généralement je note les paquets... peut-être que j'essaie de me dégouter moi-même de ce que je fais, ce que je fume, j'espère que cela va marcher même si c'est une des seules choses qui calme mes tourments. - CAUCHEMARS j'ai peur de dormir, j'ai suis effrayé à l'idée de revoir toutes ces images dans ma tête dans mon lit, j'ai peur de revivre tous ces moments de tristesse, de colère... ces sentiments bien trop difficiles à nommer tellement l'émotion est rude. Je dors généralement seul ou dans un endroit où je ne pourrais faire de mal à personne, si je me retrouvais auprès de quelqu'un, je m'inquièterais... oui je serais inquiet. Je serais capable de me réveiller avec une pulsion violente. Je ne veux faire de mal à personne... - SILENCE je préfère le silence à l'exhibitionniste. Je n'apprécie pas clairement les personnes parlant ici et là, se remuant ici et là... j'ai tendance à être bien trop silencieux ce qui apporte de l'intérêt de ma personne chez d'autres ou bien de l'agacement. Mais ne croyez pas que je ne me mouve jamais, je sais vivre alors ne vous inquiétez pas trop pour moi... - TAXI j'ai rencontré une femme il y a quelques temps déjà, je ne la connais que trop peu, je ne sais pas pourquoi j'y vais, je ne comprends pas pourquoi je vais la voir, je prends le taxi, je lui demande de m'emmener par là... je la regarde, je l'observe. Je ne sais pas mais je suis là sans but particulier, je erre dans son taxi, la regardant. Ses cheveux, ses yeux, son sourire, ses gestes, son innocence. - NOURRITURE j'aime aller au restaurant, c'est un véritable pêché-mignon. Les beaux restaurants, la bonne nourriture, leur chaleur, leurs odeurs diverses et variées. La passion. Une table avec une femme, des regards expressifs, une bonne soirée... - ELEGANCE j'ai appris à bien me tenir, j'ai été bercé dans l'élégance, les bonnes manières, je crois que je suis naturellement comme cela: un véritable gentleman comme bien des personnes pourraient qualifier mes divers comportements. Une porte tenue, une rose, une chaise tirée, des remerciements ainsi que des sourires plaisants et aimables. Toutes ces choses sont pour moi une évidence. - LOUP-GAROU peut-être ce qui a changé ma vie, ces créatures immondes me dégoûtent depuis le jour où... le jour où... depuis ce jour où tout a changé. J'ai tout arrêté, mes cours et l'école pour me vouer corps et âme à la traque, non je ne les lâcherais pas, je les aurai coute que coute, quoiqu'il advienne je les tuerais tous. Jamais plus je ne les laisserais pénétrer dans ma vie. Ils me dégouteront toujours autant, jamais ils ne pourront ôter la haine que je porte encore aujourd'hui à leur égard, jamais elle ne changera; et moi non plus. - ART la musique, le théâtre et le spectacle, la peinture – même si je dessine comme un pied – tout cet univers est absolument enivrant. Aujourd'hui, c'est sans doute une des rares choses, une des rares activités qui me permettent de me détendre, de souffler un peu et d'apaiser mon coeur même si cela s'avère être une tâche extrêmement difficile.

« Je l'ai trouvée plutôt tendue, tu ne trouves pas ? » Je regardais mon épouse d'un air des plus lasse, cela faisait des mois que nous n'avions pas dîné rien que tout les deux, nous étions rarement seuls depuis que notre enfant était venu au monde, nous n'avions pas encore eu le temps de déguster les nombreux restaurants du village, ce que je regrettais promptement. Nous avions donc confié notre bambin à une jeune fille de l'âge de dix-sept ou bien dix-huit ans, pas plus. Il est vrai qu'elle avait les traits tirés lorsque nous avions quitté notre demeure toutefois, elle avait déjà eu à faire à nous, elle nous avons gardé la petite peu de temps après son arrivée au monde et tout s'était passé à merveille, alors pourquoi ce soir ce serait différent ? Je m'arrêtai, interrompant la marche d'Ysolde par la même occasion. Mon regard brun se posa brutalement dans le fond de ses prunelles, c'était une femme de caractère mais, avec les années j'avais appris à la maitriser plus ou moins, il fallait être ferme et surtout franc dès lors qu'une révélation était en route. « Je t'en supplie ! Cela fait des mois que l'on attend cela, à moins que ce ne soit pas réciproque... j'en peux plus... » malheureusement la fermeté n'avait pas suffit, elle s'emporta lourdement en me coupant la parole: « J'y crois pas mes oreilles ! Je m'inquiète pour notre fille ou devrais-je plutôt dire MA fille s'il n'y a rien de réciproque et tu m'envoies dans les roses ? A quoi ça sert de sortir avec toi si c'est pour en prendre plein la figure ? Et arrête de me regarder ainsi ! » Pourquoi fallait-elle qu'elle réagisse de la même manière à chaque fois ? Je ne faisais rien de mal, c'était elle après tout qui s'inquiétait pour rien. Je ne vois pas pourquoi d'ailleurs il fallait se borner à paniquer alors qu'il ne se passerait rien auprès de notre nourrisse provisoire. Une de mes mains alors passaient lentement sur son visage, je tentai de baisser le taux d'inquiétude qui la dévorais, en vain. « Allons dîner... » Nous partîmes alors, main dans la main, une pointe de remords dans le coeur cependant chez mon épouse, vers le restaurant dans lequel j'avais toujours rêvé de manger. * * * Le repas avait été délicieux, nous avions tout deux choisi un plat traditionnel, Ysolde connaissait déjà le goût que portait l'assiette étant donné qu'elle avait vécu ici toute son enfance mais elle n'en était pas moins gâtée ! Elle savourait tout comme moi qui dégustait cette nouvelle découverte. Nous avions discuté et rit comme il y a deux ans. Comme ces moments me manquaient. Elle me manquait tellement, sa présence, son parfum, son odeur de femme qui a passé des heures à se pomponner pour quelqu'un – aujourd'hui c'était moi - son rire, son sourire. L'inquiétude l'avait quittée étant donné que je la divertissais, et je dois avouer que j'étais fier d'avoir pu faire régner dans son coeur une part de joie, de sérénité et de bonheur qui ne faisaient qu'augmenter les battements du mien. Je la découvrais comme le premier jour: élégante, séduisante, raffinée... sa beauté était des plus singulières, ses traits que j'observais méticuleusement prouvaient la joie qui la guidait dans ce dîner. Elle m'envoyait dans un monde de séduction où je me noyais dans ses sourires. Et puis, nous terminâmes nos verres et je partis prendre l'addition en y déposer un pourboire au charmant serveur qui nous avait accompagné et qui avait été à nos petits soins – ne cachons pas que ma femme étant capricieuse, il avait eu du travail ! Je me levai en premier et enveloppai la main de mon épouse afin qu'elle quitte sa chaise en ma compagnie. Je la regardai, amoureux et sourit. Nous passâmes alors les portes en marchant sous la pleine lune, lentement. « C'est magnifique. » Sa voix résonnait comme un carillon envouté par la fraicheur du vent, le ciel était si clair et la lune si ronde... Nous nous étions arrêtés, mes bras l'avaient entourée et je l'avais embrassée pour clôturer notre soirée, elle était tellement belle, nous nous échangeâmes maintes baisers, retrouvant cette passion peu à peu, nous allions jusqu'à nous brûler les lèvres dans une douceur exquise. Je l'avais tellement aimée ce soir-là. Désormais, nos pas résonnèrent jusqu'à notre petit pavillon. Il était tard, très tard, minuit était sans doute passé, peu importe, nous aurions payé la jeune fille pour être restée davantage. En ouvrant la porte d'entrée, nos rires résonnèrent, puis on entendait des chuchotements, je murmurai à ma femme qu'il fallait être silencieux, elles dormaient peut-être, et c'était une certitude pour moi. Ysolde rentrait tandis que je m'occupais de la porte. Deux secondes s'étaient écoulées. Un cri strident frappait alors la demeure: Ysolde. Je me suis retourné, un silence froid venait s'installer après le cri de ma bien aimée. Je ne comprenais pas. De la porte, où j'y avais laissé ma main, le son d'une lourde respiration battait son plein; c'était la mélodie d'une excitation surhumaine, une chaleur importante qui se sentait de là, cette respiration n'était pas humaine. Je fis alors quelques pas vers ma femme, mon coeur battant plus vite que jamais; je ne la reconnaissais pas. Mon regard était figé sur elle tandis que le sien observait cette chose qui respirait bruyamment, elle semblait pétrifié et je crus un instant ne pas être suffisamment courageux pour faire face à ce qui m'attendais, j'avais peur, j'étais effrayé; l'évènement le plus cruel et le plus dérangeant de toute ma vie. Mon regard alors détacha les yeux horrifiés de ma femme, je voyais les quelques photos déposées sur la commode à côté des escaliers, les rideaux de la fenêtre volaient au gré du vent et je sentis la fraicheur de la nuit contre mon visage; et mes yeux se posèrent sur le tapis du salon, un liquide rouge coulait sur ce tapis que j'avais apporté de Londres, mon coeur battait la chamade. Les ongles d'Ysolde se fit sentir sur mon bras. Cette fois-ci, c'était ma respiration que l'on entendait le plus. Tout se passa rapidement. La chaise en bois de la porte d'entrée se retrouva entre mes mains tandis que l'animal grognait. Ysolde tremblait même si elle aurait voulu hurler. Il – ou bien elle – voyait tout ce que je faisais, je ne me cachais pas, je voulais qu'il voit tout ce qui allait le battre. Je ne voulais pas le tuer. La mort aurait été un cadeau. Mes bras se levèrent et la chaise frappa la bête qui au même mauvais avait tenté de me sauter dessus même si force paraissait faible. Je le basculai à terre près de la fenêtre ouverte. Mes jambes courraient à lui et la chaise en bois frappa de nouveau le corps, elle se brisa mais je ne la lâchai pas, je voulais qu'il souffre et mes coups ne cessèrent. Ma rage était telle que je ne sentais plus ma force, j'avais l'impression de ne plus respirer tellement mon coeur hurlait. Je frappais sans même plus m'en rendre compte; lui couinait. « Clemens, arrête ! » sa voix résonnait, je sentais l'inquiétude, la tristesse, le colère en elle. Je l'écartai mais elle persistait. Une branche de la chaise, qui était encore dans mes mains, arrêta alors ces gestes répétitifs, cruels. L'animal s'enfuit. Ce qui restait dans mes mains alors se balança contre le mur de la maison. Je me tournai vers le corps tandis que Ysolde me regardait d'un air accusateur. Tout était fini.