____Il ne m'a fallu que quelques minutes pour deviner que Arthemis serait bien plus que le fils des amis de mes parents, pour moi. Je sais que ça va faire cliché et que tout le monde dit ça, mais lui et moi, on était les meilleurs amis du monde entier. Toujours ensemble, toujours en train de rigoler, de faire des conneries. J'avais pas besoin d'une énorme bande de potes insignifiants. J'avais LE meilleur de tous les amis de la planète entière. Il était comme mon grand frère. Il veillait sur moi, puisqu'il a deux ans de plus que moi. Je lui racontais mes peines, je me confiais à lui. Il m'est même arrivé une fois, quand j'avais six ans, de l'appeler. En pleine nuit, plus précisément. J'avais fait un horrible cauchemar - à six ans le plus horribles des cauchemars pour une fillette comme moi, c'est que les Barbies deviennent vivantes et méchantes. En y repensant bien aujourd'hui, il a certainement dut étouffer un rire quand je lui ai raconté ça. Cependant, il ne s'est pas plaint que je l'aie réveillé et il m'a écoutée pendant de longues minutes. Deux ans plus tard, il démménageait loin, très loin. Londres, pour moi, c'était le bout du monde. Je n'étais plus la même, après son départ. Je m'en suis remise, mais disons qu'il a laissé un grand vide en moi. Un grand vide qui ne fut comblé que bien des années plus tard...

____Évidemment, jamais personne n'a pu remplacer mon meilleur ami. Malgré les années passées, jamais une journée n'est passée sans que j'aie une pensée pour lui. Je me demandais si il m'avait remplacée, si il allait bien, ce qu'il était devenu. En tout cas, j'espérais qu'il soit heureux. J'essayais d'en faire de même, mais étrangement, je ne suis jamais arrivée à garder un seul ami depuis son départ. Soit je n'arrivais pas à faire confiance aux autres, soit ils me mentaient sans arrêt, ou alors me prenaient pour un simple bouche-trou. Je n'ai pas passé mon adolescence seule, mais disons que j'ai eu beaucoup de difficulté à me faire des amis quand le seul que j'avais était à des kilomètres de moi. Puis, un jour, le bonheur est finalement revenu vers moi ; je suis tombée amoureuse, pour la toute première fois dans ma vie. Il faut dire qu'à seize ans, il commencait à être temps, cependant l'Amour - avec un très grand A - n'a pas d'âge. Son prénom ? Caleb Rhodes. Notre rencontre fut très originale, mais surtout gênante. Enfin, pour moi.

____13 mai 2004

____C'était la pire de toutes les humiliations que j'aie pu vivre de toute ma vie ! C'était l'anniversaire d'une bonne amie à moi, et tout le monde s'est dit ; « Ah, elle va être majeure, il lui faut des jouets d'adultes, désormais. » Par jouets d'adultes, ils sous-entendaient des sex-toy (pour ceux qui n'avait pas encore deviné). Et bien évidemment, tout le monde s'est dégonflé pour le faire. Alors on a tous tiré à la courte paille. Et devinez qui devait aller acheter un vibrateur dans un sex-shop ? Ouais, moi. Évidemment, j'ai protesté. Mais vous savez, il y a toujours une fille plus imposante que toutes les autres, celle autour de qui tous les mecs tournent autour et qui arrive à contrôler tout le monde en claquant des doigts. Eh bien, c'est ce genre de fille qui m'a sortit ; « Hey, arrête de pleurnicher, le hasard a décidé que c'était toi, point final. » Tout le monde était en parfait accord avec elle, alors je n'avais pas trop le choix. Je suis donc allée dans ce sex-shop débile. Dès que je suis entrée, j'ai tout de suite voulu en resortir. Mais c'était trop tard, je devais le faire, ou alors je me mettais tout le monde à dos. J'avais fait trop d'efforts pour me faire des amis, je ne voulais pas les perdre maintenant. Sainte-Nitouche que je suis, j'étais bien traumatisée de voir à quel point on pouvait inventer des bidules stupides pour exciter les gens. J'avais tellement honte de devoir acheter ce truc, vraiment. Pourquoi ne pas avoir choisit un cadeau moins... érotique ? Genre, je sais pas moi, heum.. une planche à neige ? Enfin bref. Je fis un peu le tour de la boutique, puis finalement je les trouvai, ces fichus vibromasseurs. J'en pris un, ayant réellement hâte d'en finir. Je me dirigeai vers la caisse et posai l'emballage sur le comptoir. Nerveuse, je me mis à me ronger les ongles jusqu'à la peau. « C'est un cadeau... pour une amie. » voulus-je préciser, alors que je savais très bien que ça ne me servirait à rien et que je m'enfonçais deux fois plus. Je posai ma sacoche sur le comptoir, sortant mon porte-monnaie. Sur le coup, j'étais si distraite que je n'ai pas vu que mon téléphone avait glissé de mon sac. Il faut dire qu'il était vraiment de mauvaise qualité. Mais c'était un cadeau d'une amie, alors je n'avais pas vraiment le choix. Enfin bref. La caissière, bien trop bête pour me dire que mon téléphone est sortit de mon sac, me dit simplement le prix que je paye avec l'argent qu'on a tous rassemblé pour le cadeau. Je lui dis de garder la monnaie et prend ma sacoche avec le sac contenant ce put*in de vibromasseur. Sur le coup, je ne me rends pas compte que j'ai oublié mon portable. Mine de rien, je retourne chez moi. Je ne m'étais pas encore rendue compte de la disparition de mon téléphone, jusqu'au soir. Le téléphone à la maison étant occupé, j'ai demandé à une de mes copines - sur MSN, pas au téléphone, logiquement - de m'appeller sur mon téléphone portable, j'avais ma sacoche à coté de moi, alors j'aurais simplement qu'à le prendre. Après quelques minutes elle me dit ; « Blaise, t'as perdu ton téléphone ? » « Comment ça ? Non, voyons. Tu t'es peut-être juste trompée de numéro. » Je me mets à fouiller dans ma sacoche. Mer-de. Aucune trace de mon téléphone. « Non, je t'assure que tu l'as perdu. C'est toujours le même mec qui répond, il dit qu'il allait t'appeller pour te rendre ton téléphone. » J'étais à moitié soulagée. D'un coté, quelqu'un avait mon téléphone et voulait me le rendre. Mais... et si c'était un pédophile ? Dans ce cas-là, je n'avais qu'à aller le chercher en compagnie d'une amie. Je demandai à mon amie de demander au mec de m'appeller chez moi. Dix secondes plus tard le téléphone sonnait. « C'EST POUR MOIIII. » Je sautai sur le combiné et tentai de paraître le moins nerveuse et paranoiaque possible. « Oui A-A-A-llo. » Je me déteste. « Salut, je m'appelle Caleb. Vous avez oublié votre téléphone au sex-shop. » Je l'entendis très distinctivement étouffer un rire. « Oh, euh.. je devais être distraite. Quand est-ce que vous pourriez me le rendre ? Le plus tôt possible, si.. possible. » « Demain, 13:30, Starbucks. Ça te va ? » « Oui, ça me va. Encore merci Caleb ! »

____14 mai 2004

____Finalement, j'avais décidé de venir seule. Je n'avais pas envie de passer pour une parano insécure. Comme à mon habitude, je suis arrivée à l'avance de dix minutes. Quant à lui, il est arrivé dix minutes en retard. Par contre, dès que je l'ai vu, toutes mes envies de lui reprocher son retard se sont envolées. Grand. Sexy. Beau, avec une allure de footballeur et surfeur. Aux premiers abords, il semblait très macho. Alors qu'en fait c'était tout le contraire. Il était même galant. Il m'avait même payé un café. Il était censé me rendre simplement mon téléphone et s'en aller, mais on a passé une heure à discuter, ensuite on s'est levés et on est allés marcher ensemble. Je ne sais pas pour lui, mais je n'avais pas hâte de le quitter. C'était la première fois que j'étais sous le charme d'un garçon. J'avais un rire débile, les mains moites et je disais totalement n'importe quoi. Quant à lui, il me trouvait bien hilarante, même qu'à un moment j'ai cru qu'il allait littéralement mourir de rire. Non mais vraiment, quand je dis que je disais n'importe quoi, c'était du vrai n'importe quoi. Cependant, je ne me rappelle plus de ce que j'ai dit, j'étais trop occupée à penser à Caleb. C'est drôle à dire, mais je sentais que ce n'était pas la dernière fois qu'on allait se voir. Je sentais qu'il allait avoir une place bien importante dans ma vie. Il me raccompagna chez moi en me promettant de m'appeller le lendemain. Cependant, il revint deux minutes plus tard. « J'voudrais bien t'appeller, mais il me faut ton numéro pour ça. » Il me rappella le soir-même, et je vous assure que nous avons parlé plus que trois heures. Je ne voulais pas précipiter les choses, mais dans mon esprit les choses étaient tout à fait claires ; j'étais amoureuse de Caleb Rhodes.