C’était aujourd’hui un bien triste anniversaire que devait fêter la jeune Lidvack. Celui du décès de ses parents, tués dans un tragique accident de voiture alors qu’ils venaient la chercher à l’école. C’était il y a quinze ans. Le temps passait tellement vite et pourtant il ne semblait pas apaiser ses blessures. Elle allait mal, ne s’en était jamais vraiment remise mais scotchait jour après jour un sourire sur son visage d’ange pour faire croire le contraire. Alors non elle n’était pas dépressive, elle ne pensait jamais à mettre fin à ses jours et elle appréciait la vie comme elle venait, mais elle se sentait en marge, comme évoluant à côté du monde sans jamais vraiment en faire partie. Elle se réfugiait dans l’écriture, elle se créait son propre monde, un monde où elle avait une place bien à elle.

Alors qu’un bruit feutré se faisait entendre à quelques pas d’elle la jeune femme sursauta violement. Elle avait pris pour habitude de se balader en forêt, elle aimait le calme qui y régnait et y trouvait toujours l’inspiration pour ses contes. Mais ces histoires et ces rumeurs qui couraient au village rendaient ses expéditions un peu plus angoissantes. Accélérant le pas la jeune femme pris la direction du petit sentier qui l’avait amené jusqu’à la clairière qu’elle aimait temps. La nuit commençait à tomber et Aurore devait probablement l’attendre pour le dîner en mémoire de ses parents, elle n’avait pas vraiment y aller mais savait que c’était important pour sa tante alors elle ferait un effort, comme tous les ans.

Un nouveau craquement retentit dans son dos et la blondinette sentit ses poils se hérisser alors qu’elle se retournait vivement en direction du bruit. Elle n’eu pas le temps de courir, elle n’eu pas le temps de fuir. Une forme imposante fondit sur elle avec rapidité pour la plaquer au sol. Un hurlement de peur et de douleur s’échappa de sa bouche alors que sa tête heurtait violement un rocher. « S’il vous plait… » Réussit-elle a murmurer avant qu’une atroce douleur lui transperce le corps. Ce qu’elle pensait être la lame d’un couteau venait de lui ouvrir le ventre de haut en bas lui arrachant un ultime cri avant qu’elle ne sombre. Elle luttait pour ne pas perdre connaissance, reprenait conscience par instant apercevant les contours de son agresseur, elle ne comprenait pas ce qui se passait, elle ne parvenait pas à distinguer clairement les traits de celui qui n’allait pas tarder à mettre fin à sa vie. Elle sentit son corps entier tiré au sol alors qu’on l’agrippait par les chevilles. Sa tête heurtait chaque obstacle sur le chemin et elle sentait le sang couler le long de sa tempe, imprégnant ses cheveux d’un liquide pourpre et poisseux.

« Lâchez-moi je vous en prie… » Elle cru entendre des jappements mais le bruit sourd qui envahissait ses tympans couvrit rapidement cette idée qu’elle rangea dans la case de les hallucinations. Et alors que son crâne entrait une nouvelle fois en contact avec ce qui semblait être une branche d’arbre elle n’eu le temps que d’entendre des hurlements terrifiants et sentir la pression au niveau de ses chevilles se relâcher brusquement avant de perdre définitivement connaissance.

Plus tard elle se souvint de bribes de détails mais les médecins lui déclarèrent qu’elle se les était probablement inventées de toutes pièces. Pourtant elle en était persuadée, elle n’avait pas été agressée par quelqu’un mais bien par quelque chose. Et ce quelque chose avait été interrompu dans sa tâche morbide. Ce n’était peut-être que le fruit de son imagination mais elle avait la sensation que quelqu’un lui avait porté secours, elle sentait au fond d’elle cette présence qui avait soulevé son corps inerte pour la porter hors de ces bois. Elle pouvait même encore respirer son parfum.

« Tu ne penses pas que tu en fais un peu trop Nathy ? » La blondinette se retourna vivement vers sa meilleure amie et secoua la tête en riant. « Absolument. Mais ce n’est que de cette manière que je parviendrai à découvrir ce qui s’est réellement passé. » Les deux jeunes femmes se fixèrent longuement avant que la brune n’abandonne, après tout elle était habituée à se heurter au caractère butée de son amie et elle savait d’ores et déjà qu’elle ne pourrait la faire changer d’avis. Elle se contenta donc de baisser les bras et d’embrasser rapidement sur la joue sa blondinette de meilleure amie avant de filer.

A nouveau seule Nathy se reconcentra sur l’écran d’ordinateur qui lui faisait face. Défilaient devant ses yeux de très vieux articles du journal pour lequel elle travaillait. Ils évoquaient tous des agressions mystérieuses, des corps mutilés que l’on avait retrouvés à l’orée du bois, des hurlements que certains habitants avaient entendus les soirs de pleine lune. Les doigts de la jeune femme virevoltaient sur le clavier sans prendre une seule seconde de répis. Elle prenait des notes enregistrait des documents, en imprimait d’autres. Ses yeux commençaient à fatiguer et son corps risquait une overdose de caféine.

« Abby ? » La blonde sursauta violement, manquant de renverser sa tasse de café sur ses notes et se tourna brusquement vers le salon. « Ah c’est toi… » Elle sourit tendrement à sa tante et se leva pour l’embrasser. « Qui croyais-tu que ce serait ? Tu m’as l’air bien nerveuse, ça ne ve pas ? » Abernathy secoua la tête en soupirant. Elle ne voulait pas inquiéter Aurore, celle-ci en avait déjà bien assez fait pour elle, inutile qu’elle rajoute sur le tapis ses doutes et inquiétudes au sujet de son agression. « Je suis juste fatiguée, je vais aller piquer un somme ça ira mieux après. » Elle évita le regard suspicieux de la jeune femme et attrapa son ordinateur portable avant de filer vers sa chambre.