♠ Avoue et t'as la vie sauve.
“ Before, we were together „ «
Mais tu ne comprends donc pas, elle n'est plus rien à mes yeux ! » Hurla-t-il alors à travers l'immense couloir de notre maison que nous venions à peine d'acquérir alors que je montai les escaliers à toute allure en direction de notre chambre, du moins, je me stoppais dans ma folle course. M'appuyant contre la rambarde et me penchant pour le voir en bas des escaliers, je lui lançais un regard noir avant de finir par lui hurler un «
Elle n'est plus rien à tes yeux ? Pourtant tu ne n'as pas hésité une seule seconde à la dévorer du regard pendant que nous étions à table ! » Sans bien même écouter ce qu'il avait à me dire, je reprenais mon périple jusqu'à la chambre. Tenant mes chaussures fermement dans la main c'est lorsqu'il m'ordonna de me stopper avant la dernière marche que je me retournai une nouvelle fois vers lui et lui lançais ma paire d'escarpins rouges qui se heurtèrent au mur et non sur lui comme je l'avais prévu. «
Tu comptes me tuer ? » Bien évidemment que j'avais envie de le tuer ! Furieuse, j'étais hors de moi !
Alors que nous venions de passer la soirée en compagnie d'amis à lui, et tout nouvellement les miens maintenant que nous étions mariés, je n'avais pas pensé au fait qu'Andrec avait, dans ses amies proches, l'une de ses anciennes petites amies, et pour dire, son tout premier amour ! Jalouse ? Je n'ai jamais caché cet énorme défaut et encore moins ce soir alors qu'il n'avait cessé de rire à ses blagues qui n'étaient absolument pas drôles, ou encore de lui lancer des regards que je considérai être de braise ! Ce défaut était d'ailleurs la source de nombreuses disputes dans notre couple, mais cela prouvait parfaitement mon attachement à ce premier amour.
Andrec et moi étions ensemble depuis maintenant 5ans, certes, cela commençait à faire un certains temps et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'un jour elle me le piquerait cette pimbêche ! Rencontrés dans un bar lors d'une des nombreuses soirées étudiantes qu'organisaient les grandes villes aux alentours, je ne pensais pas un instant que j'allais l'épouser, pensant plus qu'il ne serait qu'un autre homme d'un soir dans ma vie. Puis, il y a de cela 3 mois, je lui disais enfin oui à la mairie devant une centaine d'invités, tous des proches d'Andrec, je n'avais, pour ma part, plus le sentiment d'avoir une quelconque famille. En effet, après la mort de mon père d'un cancer généralisé, je vis l'état physique et mental de ma mère se dégrader alors que j'essayais en vain de rester forte face à ce drame. Et voilà qu'aujourd'hui, une fois de plus, cette jeune femme, très charmante, je ne le cache pas, n'avait pas hésité une seule seconde à lui lancer des regards dévoreurs.
J'arrivai enfin dans notre chambre où je me dépêchai de défaire le lit, ne voulant en aucun cas poursuivre cette conversation au risque de finir par le tuer véritablement, je balançai les coussins par dessus ma tête lorsque j'entendis ses pas arriver jusqu'à l'endroit où j'étais. «
Tu peux prendre la chambre je prendrai le canapé ce soir ! » Finis-je par lui lancer alors que je venais de défaire le lit. «
Had' s'il te plait, écoutes moi ! » S'approchant lentement, je sentis sa main venir prendre délicatement mon bras avant d'avoir cet éternel frisson qui me parcourait le corps, comme au début, comme lorsque je le vis pour la première fois, cette sensation de bien-être lorsqu'il était à mes côtés, ce doux sourire qui se dessinait sur mon visage, lui seul arrivait à me rendre heureuse, lui seul arrivait à me faire sourire, lui seul connaissait ma véritable vie...
Fille unique, après la mort de mon père ainsi que l'état de ma mère qui fut juger incapable de m'élever et placer dans un établissement spécialisé pour les dépressifs, je fus accueillie par ma grand-mère. Malheureusement, lorsque j'eus atteints les 16ans ils lui diagnostiquèrent la « célèbre » maladie d'Alzheimer, n'ayant pas les moyens de lui payer une aide à la maison, je dû concilier cours et aide tant bien que mal, me coupant ainsi de toute vie sociable, non pas que j'eus été l'une des filles les plus populaires de mon lycée, loin de là, préférant raser les murs, je m'enfermai dans ma solitude et ainsi perdu la totalité de mes amis lorsque je dû m'occuper exclusivement de ma grand-mère qui décéda quelques temps après l'obtention de mon diplôme.
Mais ce soir, je ne devais pas lui montrer que j'étais folle de lui, je devais être furieuse, lui faire comprendre que je ne pouvais supporter cette idiote aux allures de princesse. «
Ca ne sert à rien, tu la dévorais des yeux, tu riais bêtement à ses blagues, tu m'as ignoré toute la soirée ! TOUTE la soirée Andrec ! »
Sentant les larmes me monter aux yeux, je détournai bien vite mon regard du sien avant de sentir sa douce main venir se poser sur mon menton, me contraignant alors à tourner la tête dans sa direction, je sentis qu'une larme se mit à couler le long de ma joue sans que je ne lui ai donné l'accord. N'étant absolument pas du genre à montrer mes sentiments ou même, ma sensibilité, je ne cache pas être une personne ô combien fragile mais je n'essaye pas moins de me montrer forte. «
Tu m'as blessé ce soir Andrec. » Finis-je par murmurer tout en dégageant mon bras de sa main. M'éloignant alors de lui, il ne tarda pas à revenir à la charge, me stoppant de nouveau dans ma course, alors que j'ouvrai les tiroirs afin de prendre des sous-vêtements de rechange, je sentis son corps se coller contre le mien, ses mains se poser sur les miennes et sa bouche venir déposer un délicat baiser sur l'arrière de mon crâne. «
Je suis désolé. » «
Tes excuses ne suffiront pas. » Rancunière, je l'étais aussi d'autant plus lorsqu'il s'agissait d'une attaque personnelle. Prenant une profonde inspiration, je me mordis la lèvre inférieure essayant par la même occasion de retenir ces larmes qui ne cessaient de couler le long de mes joues blanchies. «
Laisses moi s'il te plait. » Le suppliant, j'essayai d'être forte, de ne pas lui montrer ma faiblesse, de ne pas lui laisser la victoire, mais il savait comment m'avoir. Resserrant un peu plus son étreinte, je sentis ses lèvres se déposer sur mon cou dénudé. «
Arrêtes ! » Murmurai-je de nouveau dans un souffle avant qu'il ne finisse par me tourner vers lui.
Lui faisant à présent face, mon regard plongeant dans le sien, il posa sa main sur ma joue, la nettoyant ainsi de la énième larme qui perlait dessus avant de poser son index sur mes lèvres afin de me faire taire. «
Hadley, il n'y a que toi dans ma vie, il n'y a que toi dans mes pensées, dans mon coeur et dans mes veines ! C'est toi que j'aime ! Elle n'est plus rien pour moi, c'est toi que j'ai épousé, c'est avec toi que je veux vivre dans cette immense maison encore vide de tout meubles – souriant à sa remarque, je ne manquais pas de renifler avant de sentir mon coeur accélérer et mes mains venir caresser les siennes –
c'est avec toi que je veux passer mes nuits, mes journées, et toutes ces dates importantes qui pour toi ne veulent rien dire. C'est avec toi que je veux être, et fonder une famille ! C'est toi que j'aime ! C'est... » Sans bien même lui laisser le temps de finir sa phrase, je venais à l'embrasser fougueusement.
Il avait gagné, une fois de plus, j'étais faible face à lui et il le savait, mais je ne pouvais lui en vouloir plus. Il m'aimait et je l'aimais en retour, j'en étais folle amoureuse. Qui aurait dit que j'allais un jour épouser celui qui m'avait rendu ivre à en vomir dans la boîte à gants d'une amie ? Mes bras venant entourer son coup, je sentis ses mains descendre le long de mon corps avant de sentir cette légère pression sur mon fessier afin qu'il vienne à me porter. Passant alors mes jambes de par et d'autres de son corps, il ne tarda pas à venir m'allonger sur notre lit et c'est alors que dans un nouveau murmure je lui dis «
Je t'aime. » Je l'aimais, plus que tout au monde, je l'aimais, j'aurai parfaitement pu mourir pour lui, je ne m'imaginai pas un instant vivre sans lui à mes côtés... et pourtant, Dieu seul savait ce qui m'attendait...
C'était au départ l'une des soirées les plus romantiques qui devait se dérouler, cette soirée durant laquelle j'aurai du t'annoncer un heureux évènement. Ce que nous tentions depuis plusieurs mois de faire, ce pour quoi nous voulions tant être l'un avec l'autre, former une famille ! Cette soirée aurait dût être parfaite, toi et moi, au beau milieu de cette immense forêt, toi, ayant organisé toute cette soirée et moi, alors que tu m'aurais servit un verre de vin blanc, mon petit pêché, que j'aurai si gentiment refusé, t'aurai annoncé que j'étais enceinte. Cette soirée aurait dût être formidable... mais rien ne se déroula comme prévu.
Il n'aurait fallu qu'un bruit, un simple et unique bruit pour que tu me laisses, seule, devant le feu de camp en m'annonçant sur un ton protecteur un vain «
Je vais voir ce qu'il se passe ! » Comme toujours tu te voulais d'être Superman, comme toujours lorsque j'avais peur - et Dieu seul sait combien j'avais peur d'un nombre incalculables de choses – tu allais t'assurer que tout n'était que le fruit de mon imagination. Cette fois, je n'avais aucunement rêvé, j'avais véritablement entendu un bruit non loin de nous et jamais je n'aurai dût te le dire ou même, montrer ma peur... ainsi tu serais peut-être encore à mes côtés. «
Non, restes avec moi, le feu le fera partir ! » Le suppliai-je en lui tenant fermement le bras avec mes 2 mains. Mon regard plongeant dans le sien, j'avais eu comme cette étrange sensation qu'il ne devait pas partir mais rester à mes côtés. Peut-être était-ce le sixième sens des femmes enceintes comme le disait si bien les bouquins que j'avais commencé à lire. Sentant ton regard plonger à son tour dans le mien, je compris que même mes mots ne suffiraient pas à t'arrêter. «
Je reviens ! » Déposant un baise au dessus de mon crâne, il retira son bras de l'étreinte de mes mains et s'en alla à la recherche de ce bruit mystérieux que j'avais cru entendre.
Les secondes parurent être de très longues heures, regardant tout autour de moi, je n'arrivais même plus à savoir dans quelle direction il s'en était allé. Les jambes recroquevillées, j'attendais, essayant de calmer les battements de mon coeur qui ne cessaient de s'intensifier un peu plus à chaque instant. Où était-il donc passé ? Le silence avait fait son apparition, seuls les crépitements du feu faisaient offices de fond sonore. J'essayai en vain de me calmer, espérant le voir revenir comme à son habitude, l'air fier, se blottir contre moi et que je vienne enfin lui annoncer que ce soudain retard ne venait pas du stresse que l'hôpital me faisait mais bel et bien de cette grossesse que j'avais découvert il y a quelques semaines maintenant.
C'est alors que de nouveau un craquement me fit sursauter. A présent seule, je me retournai rapidement en direction du bruit que j'avais entendu. «
Andrec ? » Hurlai-je alors dans le vent, entendant un mouvement de feuilles derrière moi, faisant un bond je me relevai et regardai en direction de ce bruit que j'avais encore entendu. «
Andrec ? C'est vraiment pas drôle ! » Lachai-je alors tout en commençant à devenir agressive dans l'intonation de ma voix. Une véritable trouillarde, voilà ce que j'étais, Andrec le savait et s'en amusait énormément, même si cela avait pour effet de déclencher une dispute entre nous. Il faut dire que ces derniers temps, aussi bien lui que moi faisions face à une mauvaise pente d'où la raison de cette soirée qui avait pour but initial de nous réunir comme avant, sans disputes, sans jalousie et sans mauvaises plaisanteries.
Un nouveau silence vint alors à s'installer dans cette immense forêt que je connaissais pourtant comme ma poche. Debout, devant le feu, je sentais chacun de mes membres trembler de peur, mon sang se glaçait, mon coeur accélérait, et ma respiration commençait à se faire hésitante et irrégulière, quelque chose n'allait pas, j'en étais sûre, intimement convaincue je... Soudain, dans ce lourd silence, un bruit grave, mélangeant douleur et peur retenti dans le fond des buissons. Mes yeux se remplirent de larmes tandis que d'une voix hurlante j'appelais Andrec, ayant reconnu sa voix, j'étais tétanisée par la peur, mes yeux, grands ouverts, laissaient perler des larmes le long de mes joues alors qu'encore une fois, ce lourd silence prit possession de l'endroit. Que se passait-il ? Ne pouvant même plus bouger, je cherchai du regard un silhouette représentative de celui que j'aimais et c'est alors qu'il apparut. Au loin, tombant sur le sol, visiblement blessé, je courus vers lui et découvris avec une horreur certaine de nombreuses plaies sur son corps, certaines dévoilant même ses os, je pleurai, j'hurlais, j'étais tétanisée par son corps à l'agonie. «
Andrec... qu'est... » Sans bien même pouvoir réussir à articuler quelques mots, il m'ordonna de partir, courir, loin, vite, de retourner à la voiture, de quitter le bois. «
Viens ! » Commençant à prendre son bras que je plaçais derrière mon épaule, je sentis au même moment un craquement sur l'un de ses os, hurlant de douleur, je m'excusais une bonne dizaine de fois, les larmes coulant comme une rivière en cru le long de ces joues éternellement froides, je le posais de nouveau sur le sol avant qu'il murmure dans une douleur affreuse un simple «
Pars ! » et c'est alors que je m'exécutais.
Je me suis relevée, mon regard plongea une dernière fois dans le sien et je lui fis dos, je me mis à courir, un peu plus vite à chaque pas, espérant ainsi arriver le plus rapidement possible à la voiture et ainsi pouvoir chercher de l'aide pour l'aider... pour le sauver. C'est alors que je trébuchai sur une racine, tombais sur le sol, mon ventre ne manquant pas de heurter violemment une autre racine, j'entendis de nouveau un hurlement de douleur mélanger à un rugissement effrayant. «
ANDREC ! » Hurlai-je de toutes mes forces, me relevant, couverte de terre, je courus encore un peu plus vite jusqu'à la voiture...
Deux jours plus tard, son corps fut retrouver, inerte dans la forêt, ou du moins, ce qu'il en restait. Les policiers conclurent à une attaque d'une bête sauvage et l'affaire fut bien vite classée et l'enterrement du reste de ses membres arriva tout aussi vite. Au même instant, j'apprenais que l'enfant que je portais perdit la vie lors de cette douloureuse chute sur cette racine. En perdant cet enfant, je perdis ce qu'il me restait de lui...
Depuis ce jour, plus rien n'est comme avant. Ma vie n'a, semble-t-elle plus aucun sens. Me refermant de tout et de tout le monde, je fus bien vite reléguée au titre de « veuve », depuis cette nuit, je ne peux cesser d'y penser, de la revivre, encore et toujours dans chacun de mes rêves. Cette bête, ce loup, ou quoi que ce soit n'avait en rien un rugissement ou grognement commun, je le sais, je l'ai entendu ! Nombre de personnes ne cessent de me dire que cette nuit aussi affreuse soit-elle m'a rendu plus ou moins paranoïaque, je sais ce que j'ai entendu et je sais que cette ombre au loin n'était pas celle d'Andrec... Quoi que ce soit, cette nuit, cette « chose » tua mon mari et par la même occasion l'enfant que nous devions avoir...